DÉLABREMENT DU CODE DU TRAVAIL
Déjà,
en 2005, une commission avait été crée pour
préparer la réforme du code du travail du gouvernement
de Sarkozy, c'était sous Chirac-Raffarin note
1. Cette recodification comporte deux parties
: une législative et une réglementaire. Le conseil
des ministres a adopté le 7 mars 2007 l'ordonnance relative
à sa partie législative, texte de 58 pages accompagné
du pavé du code lui-même, soit 476 pages et 42 pages
de table des matières.
Ce
travail de recodification devait être effectué à
«droit constant», tu parles ! C'est un embrouillamini
et ce pavé quatre fois plus important que l'orignal s'est
fait en catimini pour combler le MEDEF au détriment des
travailleurs salariés note 2.
La
partie
législative arrive à l'échéance
le 4 décembre 2007. A l'Assemblée Nationale, ce
texte a été présenté comme une amélioration
et une modernisation alors qu'il casse le code du travail et rétablit
les pires conditions de travail voulues par le grand patronat
(MEDEF) : déréglementation de la durée légale
du travail, légalisation des licenciements, augmentation
de la période d'essai, bref, il
annule les acquis sociaux de plus de 130 ans de luttes syndicales.
«La
seule conséquence sera une baisse des salaires.»
(Gérard Filoche, inspecteur du travail)
Ce texte d'une complexité inouïe a été
avalisé par le Conseil Constitutionnel le 20 janvier 2008
tandis que le gouvernement enlèvait aux salariés
pratiquement tout recours en supprimant des tribunaux des Prud'hommes.
A peine adopté, il était déjà contesté
par les syndicats
La
CGT, opposée sur cette recodification, a expliqué
«que le nouveau texte, qui devait être rédigé
à "droit constant", est en réalité
une réécriture complète qui modifie de façon
très négative l'articulation, le sens général
et donc l'interprétation du code». Il n'y a eu qu'un
semblant de négociation, tout est truqué au départ,
et les médias ne sont pas invités. Comme les députés
UMP à la botte du gouvernement ont validé cette
recodification, la
partie réglementaire est entrée en vigueur à
partir du 1er mai 2008.
La « réforme des licenciements »
«La
période de validation économique», qui offre
à l'employeur la possibilité de licencier plus facilement
pendant une période d'essai doublée, fait l'unanimité
contre elle. L'indemnité de licenciement ne compenserait
évidemment pas la perte d'emploi et la période de
chômage. La rupture de contrat à l'amiable : cette
procédure permet à un employeur de faire signer
un papier de démission qui lui ôte l'obligation de
trouver des raisons de licencier et de payer des indemnités.
Le comble, c'est Denis Gautier-Sauvagnac,
chef de file de la délégation patronale, qui a présenté
les propositions du MEDEF, de l'UPA et de la CGPME sur les ruptures
de contrat de travail, alors qu'il est confronté à
une affaire judiciaire insoutenable sur les fonds secrets du syndicat
patronal de la métallurgie (UIMM). Affaire
en cours depuis 2008 et dont le
jugement a été rendu le 10 février 2014 :
un an de prison ferme et à 375.000 euros d'amende pour
abus de confiance et de travail dissimulé. Depuis,
on parle de faciliter encore la procédure de rupture à
l'amiable, laquelle a déjà un certain succès,
selon Le Figaro du 29 octobre 2010 ("7 % des ruptures de
contrat se font par consentement mutuel")... forcément,
le lien de subordination oblige céder devant un patron,
et les licenciements vont se faire facilement avec un minuscule
pécule pour compenser...
« Fiction juridique »
« C'est vers une période d'essai allongée
que se trouve très certainement le compromis, à
condition que les conditions d'accompagnement des chômeurs
soient réévaluées au travers de nouveaux
droits. Les syndicats ont également regretté l'absence
de mesure d'accompagnement en cas de rupture de contrat. En
effet, si la séparation à l'amiable semble permettre
la constitution d'un pécule pour le salarié, Alain
Lecanu (CGC) regrette qu'il ne soit prévu «aucune
garantie procédurale associée à la sécurisation
de son parcours professionnel ». (Les Échos
le 8 octobre 2007).
Réforme du temps de travail et de la « démocratie
sociale »
Finie
la démocratie sociale dans les négociations syndicales
au sommet ! Pour les syndicats, il n'y avait rien à négocier,
tout était décidé d'avance par le gouvernement
Sarkozy qui avait dit que ce n'était pas négociable.
Chaque année, les patrons pourront convoquer chaque salarié
pour renégocier de gré à gré leur
forfait jours de travail annuel. En somme, l'annualisation du
temps de travail est banalisée et la durée hebdomadaire
vrera selon les pics d'activité ! Le contingeant d'heures
supplémentaires, fixé par branche au niveau de l'entreprise,
dépend du bon vouloir du patron. Le caractère automatique
du temps de repos compensateur n'est plus d'actualité,
de ce fait !
«Travaillez plus sans pour autant gagner plus »
Le
candidat-Président ne l'avait pas dit comme ça,
mais c'est ainsi qu'il le pensait. La loi du 21 août permet
désormais par "accord individuel" et de gré
à gré entre l'employeur et le salarié, de
renoncer à ses jours de RTT, ses jours fériés
et autres jours de repos. Cela fait travailler 25 jours supplémentaires,
voire même 67 jours supplémentaires/an sans majoration
de salaire.
Les 35 heures/semaine ne sont plus garanties puisque "les
durées maximales de travail sont possibles jusqu'à
10 heures/jour, 48 heures/semaine ; et les repos réduits
à 11h/jour, ou seulement 24 heures/semaine" note
3. Enfin, les jours supplémentaires travaillés
ne sont pas automatiquement majorés à 25% voire
50% : le minimum prévu par la loi est 10%. Cadres et salariés
devront « négocier individuellement avec leur employeur
». Ce procédé qui écarte les syndicats
dans les négociations conforte la direction à tous
les abus, sous prétexte de contexte économique défavorable
!
« Un sabotage des droits collectifs »
La
loi promulguée le 21 août 2008 sur la réforme
du temps de travail instaure les conditions d'une dégradation
considérable des conditions de travail des cadres, mais
aussi de beaucoup d'autres salariés. C'est une régression
sociale sans précédent, avec de
l'esclavagisme à la clé. Cette loi serait la
«transcription législative de la position commune
signée par la CGT, la CFDT, le MEDEF et la CGPME ».
Les autres syndicats sont exclus des négociations, car
opposés. Quel déni de démocratie !
Une
"recodification" du code du travail qui vise à
faciliter les licenciements et abroger la durée légale
du temps travail. Quel sabotage de nos droits acquis !
Mise en application en deux étapes :
- le 1er mai : réforme favorisant les licenciements,
pour plaire aux grands patrons
- le 1er juillet : "réforme du temps de
travail et de la vie sociale", pour passer outre la
loi des 35 heures. Réforme qui est rentrée en vigueur
dès la rentrée.
La
loi sur la démocratie sociale et le temps de travail est
anticonstitutionnelle ! C'est un démantèlement de
toutes les lois sociales, elle est contre l'esprit de la Constitution
de la République et de la Déclaration universelle
des Droits de l'homme. L'opposition a déposé un
recours devant le Conseil Constitutionnel, ce qui est vain.
« Ils veulent vous faire travailler jusqu'à
282 jours par an sans vous payer plus : voilà la réalité
! Le syndicat Force ouvrière dit NON ! »
Traduisant une disposition de la loi, le syndicat angevin a calculé
que «le nombre de jours travaillés peut aller jusqu'à
282 jours, c'est à dire 365 jours, moins 52 jours de repos
hebdo, moins 5 semaines de congés, moins le 1er
mai ».
Et le syndicat d'appeler tous les salariés à «résister
à ce détricotage des droits collectifs ».
Tornade
patronale sur le code du travail (mars 2008).
2017 : Nouveau démantèlement
du code du travail :
C'est la dictature avec les ordonnances d'Emanuel Macron
Déjà, en 2016, le gouvernement de Valls-Hollande
use du 49.3 pour imposer une loi ultra libérale
qui casse le code du travail, c'est la loi EL Khomri :
En gros, elle donne les pleins pouvoirs aux patrons pour
réglementer le travail dans leur entreprise, sous
certaines conditions, et cela, sans contrepartie pour
les salariés ni pour l'Etat (le chômage s'accroit
et on n'embauchera pas plus). C'est un détricotage
du droit du travail et la transcription des diktats de
la commission européenne.
C'est contre cette dictature européenne que Jean-Luc
Mélenchon s'oppose...
Loi
El Khomri : que propose précisément le projet de loi ?
Macron pousse encore le bouchon plus haut en légiférant
par ordonnances Suite...
Montée en puissance des contrats précaires,
prédominance des règles les moins avantageuses...
Avec la réforme signée
ce vendredi 22 septembre 2017, les salariés
ne seront plus défendus par un solide contrat de
travail, garantissant leurs droits et leurs protections.
(article de Dan Israel)
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Note 1 “Le travail de démolition
est mis en œuvre systématique par la droite à
partir de 2002 et du programme recommandé par le rapport
de Michel de Virville, ex directeur du personnel de Renault. Son
rapport établissait avec précision les points sur
lesquels il fallait agir. Depuis, nombre de ses propositions ont
été introduites dans la loi, discrètement
camouflées dans d’autres lois sans rapport avec le
droit du travail ou même, comme De Virville le préconisait,
sans passer par le Parlement, par ordonnance (exemple : le contrat
nouvelles embauches par ordonnance du 2/08/05). L’achèvement
se fait par l’ordonnance du 12 mars 2007.
La réécriture s’effectue hors de tout contrôle
démocratique pendant deux années d’abord pour
la partie législative du code du travail : elle devait
se faire – juré craché – à «
droit constant », une sorte de codification plus rationnelle,
une écriture plus moderne... le mensonge est ainsi encore
libellé dans l’article 57 de la loi n° 2006-1770
passée discrètement le 30 décembre 2006 :
« Dans les conditions prévues par l’article
38 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à
procéder par ordonnance à l’adaptation des
dispositions législatives du code du travail à droit
constant, afin d’y inclure les dispositions de nature législative
qui n’ont pas été codifiées, d’améliorer
le plan du code et de remédier, le cas échéant,
aux erreurs ou insuffisances de codification ».
L’ordonnance du 12 mars 2007 est sortie dans un silence
médiatique d’autant plus impressionnant que l’on
était en campagne électorale. Pourtant, 964 pages
format A4, des milliers d’articles réécrits,
recodifiés et… sans table de correspondance pour
pouvoir faire la comparaison (ce qui a précédé
: cf. diaporama théorique du ministère). Et ensuite
déroulement réel :
L’opération de recodification est lancée par
la loi n°2004-1343 du 9 décembre 2004 de simplification
du droit (articles 84 et 92) : le gouvernement est habilité
une première fois à recodifier le code du travail
par voie d’ordonnance, dans un cadre et un délai
déterminés.
Mise en place de la commission de ré écriture le
15 février 2005 cinq juristes sous la direction de Denis
Combrexelle qui font le sale travail et disent vouloir “anticiper
sur les évolutions du droit” – alors qu’ils
ont mandat de ré écrire “a droit constant”.
Fin du délai le 30 octobre 2006
Renoncement à la ratification et la promulgation de l’ordonnance
dans les délais prévus (Villepin renonce à
cause des suites du CPE).
Délai épuisé
Article 57 (cavalier parlementaire) redonnant vie ( ?) délai
à l’ordonnance, dans la loi 2006-1770 du 15 décembre
parue le 30 décembre 2006 sur l’intéressement
et la participation...
Nouveau délai de neuf mois, du 1er janvier 2007 au 30 septembre
2007
Il est dit que « les travaux de recodification sont également
encadrés par la décision du conseil constitutionnel
n°99 421 DC du 16 décembre 199 qui juge que la codification
répond à l’objectif constitutionnel d’accessibilité
et d’intelligibilité de la loi » (sic).
Référence est faite à une circulaire du premier
ministre du 30 mai 1996 relative à la recodification des
textes législatifs et réglementaires
Le 29 janvier 2007, Larcher dit au Sénat qu’ils vont
la promulguer avant la présidentielle ; incrédulité.
Le 6 février 2007, Larcher annonce sa promulgation devant
la commission nationale des négociations collectives :
tous les syndicats protestent, publient des communiqués,
séparés et communs.
Le 7 mars, le conseil des ministres promulgue l’ordonnance
n°2007-329, journal officiel du 12 mars 2007, nouvelle partie
législative du code du travail (édité au
cours de l’été, depuis, par Dalloz séparément
des parties réglementaires). Mais il précise qu’elle
ne sera appliquée qu’avec la partie réglementaire
qui sera achevée le 1er mars 2008...
Un projet de loi de ratification de l’ordonnance a été
présenté en Conseil des ministres le 18 avril 2007
et déposé au Parlement...
Qui ? Nous sommes hors du délai de l’article 57 depuis
le 1er octobre 2007
La partie législative publiée s’applique-t-elle
? Elle est liée à la parution de la partie réglementaire...
Si oui, n’y a t il pas problème ? Si non, dans quel
cadre juridique sommes nous, le délai n°2 de la loi
de décembre 2006 est dépassé.
Mais nombre de lois (plus de 500) sont transformées en
décrets, et nombre de décrets ne sont pas pris ou
parus...”
(Écrit par Gérard
Filoche, inspecteur du travail, et le club Démocratie
et socialisme (Sipa) Son
Blog
C'est 130 ans d'histoire sociale démantelée, rognée,
détruite !!! Retour en haut
Note 2 TOUT EST MODIFIÉ ET TOUT NEST
PAS A "DROIT CONSTANT"
Tous les re-découpages ne simplifient pas, mais complexifient
le droit du travail :
ils ont re-découpé le Code à 9 livres en
un Code avec 8 parties :
-
il y avait 271 subdivisions, on en arrive à 1890
subdivisions ;
-
il y avait 1 891 articles de loi, il y en a 3 652 !
-
ils ont tout re-numéroté à 4 chiffres,
tout le monde s’y perd ;
-
ils ont enlevé 10 % de signes (de 1 690 170 signes
à 1 520 930 signes) ;
-
mais ils ont re-numéroté tous les articles
avec quatre chiffres, faisant s’écrouler toutes
les jurisprudences, abrogé des articles clefs, restructuré
le fond théorique et pratique du Code.
Ils
ont déclassé près de 500 lois en décrets
modifiables à l’avenir sans repasser par le Parlement.
Ces déclassements concernent l’intégralité
d’un article dans 61 cas, et des alinéas, phrases,
membres de phrase ou mots dans 439 cas. Cela concerne la désignation
des “autorités compétentes” (changement
de fond) la désignation de la juridiction compétente,
(affaiblissement des prud’hommes), les règles de
procédure (obligations, informations, contrôles,
transparence, etc) les mentions chiffrées (montants, niveaux,
pourcentage, des indemnités de licenciement par exemple
! Mais aussi port des charges 25 kg max). Tout cela est-il légal,
et est-ce constitutionnel ? (Téléchargez
le document) Retour texte
Note 3. Physiologiquement, il faudrait avoir
par jour au maximum 8 heures de travail, 8 heures de liberté
pour les tâches quotidiennes et 8 heures de sommeil la nuit.
Mais pour la majorité des gens, il faut compter avec des
trajets aller-retour fatigants pour se rendre à leur lieu
de travail.
Le travail nocturne nuit à la santé et il devrait
être interdit pour les femmes, comme avant 2002 ; il devrait
se limiter à celui de gardien de nuit (avec lit pour se
reposer), ou de garde médicale pour les secours d'urgence.
Malheureusement, avec l'électricité, la vie nocturne
a pris une telle ampleur qu'il y a des gens qui se sont mis à
travailler la nuit. C'est très malsain, cela oblige à
éclairer les villes toute la nuit et cette pollution lumineuse
est enfin reconnue. Par contre, le déficit de santé
des travailleurs de nuit n'est pas vraiment reconnu, malgré
la mauvaise humeur flagrante des travailleurs nocturnes. La médecine
du travail, inopérante, néglige tous ces facteurs
de stress... |