Nouvelles d'Argentine
2003 : L'Argentine a un nouveau président : Nestor Kirchner.
L'arrivée d'un chef de l'État issu des urnes a mis
un terme à une parenthèse institutionnelle de dix-sept
mois (son prédécesseur, Eduardo Duhalde, n'avait
pas été élu, mais désigné par
le Congrès le 1er janvier 2002 dans une Argentine
au bord du chaos). Cependant, la victoire de Nestor Kirchner,
consécutive à l'abandon de son adversaire, l'ex-président
Carlos Menem, n'est pas sans poser la question du pouvoir démocratique
en Argentine.
Gouverneur de la province de Santa Cruz, le péroniste
de centre gauche Nestor Kirchner a été proclamé
président de la République argentine le 25 mai 2003
pour un mandat de quatre ans. Son adversaire néo-libéral,
l'ex-président péroniste Carlos Menem, a choisi
de jeter l'éponge. Son retrait de la course à la
présidence a rendu inutile le second tour de l'élection
présidentielle prévu pour le 18 mai. L'annulation
légale du second tour a privé N. Kirchner d'un triomphe
annoncé par les sondages et terni d'emblée son autorité
et sa présidence, à laquelle n'est associé
que son maigre score de 22 % obtenu au premier tour ! Le retour
au suffrage universel ne semble donc pas garantir la démocratie
de la troisième puissance latino-américaine, toujours
entravée par une grave crise économique et la question
sociale.
Se positionnant au centre gauche, le nouveau président
s'est élevé contre les groupes économiques
qui ont « dévasté et escroqué »
l'Argentine. Il a promis qu'il n'en serait pas la « proie
». Dans son discours de politique générale,
N. Kirchner a affirmé le rôle central de l'État
dans le développement économique, notamment par
la mise en œuvre d'un programme de grands travaux. Il a également
promis une lutte « implacable » contre la corruption
et s'est prononcé pour un renforcement du Mercosur, le
marché commun régional.
De son côté, le patronat a adopté une posture
attentiste, en soulignant que le nouveau président devait
prendre exemple sur le chef de l'État brésilien
Lula. Plus généralement, l'arrivée de N.
Kirchner a été accueillie avec optimisme dans un
pays qui a vécu l'an dernier la pire crise de son histoire.
« Redollarisation » ou « pesification »
des avoirs ?
La Cour suprême d'Argentine a déclaré inconstitutionnelle
la «pesification» forcée d'avoirs à
terme en dollars transformés en pesos par décret
gouvernemental en janvier 2002, pour atteinte au droit de propriété.
La sentence ne fait droit qu'à la demande d'un seul plaignant,
la province de San Luis. Mais la jurisprudence ainsi créée
pourrait donner raison aussi à plus de 100 000 épargnants
qui ont saisi la justice contre la « pesification »
de leurs dollars.
Le président de la Banque Mondiale, James Wolfensohn,
a dit en confidence que le FMI approuvait la révision des
mesures en Argentine "pour les deux prochaines semaines",
selon le journal argentin Clarin
(12 février 2004).
Argentine,
5 ans après (www.regards.fr)
La saignée se poursuit pour rembourser la dette qui
s'élève à 170 milliards de dollars en 2010.
De toute évidence la dette est « illégitime
», « frauduleuse » même, comme l'a qualifiée
Alejandro Olmos. Elle s'élève aujourd'hui à
plus de 170 milliards de dollars (la fuite de capital est estimée
à peu près du même montant) et la Présidente,
Cristina Kirchner, a annoncé qu'elle allait rembourser
-en piochant dans les réserves de la banque centrale et
qu'il était « trop tard » pour la remettre
en cause.
Résultat : une partie de la dette n'est plus extérieure.
Elle est payée par les provinces argentines et par les
retraités : les bons se trouvent aux mains de ceux qui
gèrent les fonds de retraites des Argentins avec les conséquences
que cela implique pour les retraités qui ne reçoivent
plus que 50% de leur salaire (et non 82% comme le prévoit
la loi).
L'Argentine règle en partie sa dette (30 milliards de
dollars restructurés) en 2011
«
Aujourd'hui, c'est le jour du désendettement de l'Argentine
», a déclaré la présidente Cristina
Kirchner avec son emphase habituelle saluant le succès
de la nouvelle offre de restructuration de la dette extérieure
en défaut depuis 2001. La tournée depuis avril des
Argentins en Italie, aux ÉtatsUnis, en Allemagne et
au Japon a donc fini par être payante malgré le contexte
financier morose : 66 % des « holdouts », les créanciers
qui avaient rejeté l'offre d'échange de titres en
2005, ont accepté cette nouvelle restructuration portant
(intérêts compris) sur près de 30 milliards
de dollars. L'offre de 2005 (sur 81 milliards de dollars) avait
attiré 76 % d'acceptation. Les plus réfractaires,
les fameux « fonds vautours », s'étaient lancés
dans des procédures judiciaires dans le monde entier. Après
ce nouvel échange, l'Argentine aura donc réussi
à convaincre neuf créanciers sur dix. Mais elle
n'a pas pour autant tourné définitivement la page
du plus gros défaut de paiement de l'Histoire. D'abord,
« il reste les 10 % hostiles à cette nouvelle offre
qui vont poursuivre les procès », estime le juriste
et économiste Emilio Cardenas. Le pays doit aussi rétablir
sa crédibilité sur les marchés. « L'échange
de dette est un pas en avant, juge Faustino Spotorno, économiste
en chef du cabinet Ferreres, mais ce n'est pas suffisant pour
régler nos problèmes d'accès au crédit.
Le taux d'intérêt accordé à l'Argentine
évolue toujours autour de 12 % et non sous la barre des
10 % comme l'espérait le gouvernement. » (AMÉRIQUE
LATINE)
La perspective des présidentielles en 2011 et les doutes
sur les statistiques officielles soupçonnées d'être
manipulées, en particulier sur l'inflation, rendent les
investisseurs frileux. Sur les quatre priorités que s'est
fixées le gouvernement en 2009, - ne plus être en
défaut, régler le dossier du Club de Paris, normaliser
les relations avec le FMI et assainir la gestion de l'Insee argentin
-, seule la première a avancé. L'Argentine doit
rembourser 7,5 milliards de dollars à ses créanciers
publics regroupés au sein du Club de Paris. Or, ce dernier
souhaite que le FMI supervise les comptes publics argentins avant
tout accord. Le gouvernement s'y refuse, car il tient le fonds
pour responsable de sa débâcle économique
en 2001. La consommation est en plein essor, avec 4 % d'augmentation
par an, et le taux de chômage dépasse à peine
7 %. La croissance a été de 8 % en moyenne depuis
2003, à l'exception de 2009. L'Argentine bénéficie
en outre de l'envolée des prix des matières premières,
notamment du soja, dont elle est le troisième exportateur
mondial. La dette pourra être remboursée.
La présidente argentine Cristina Kirchner est réélue
dans un fauteuil en octobre 2011.....
28 Novembre 2012 : L'Argentine n'est toujours pas sortie du problème
de sa dette. Après une dégradation par l'agence
Fitch de sa note de long terme de cinq crans d'un coup, à
deux pas de la catégorie qui correspond aux émetteurs
en défaut de paiement, l'Argentine semblait encore en début
de semaine sur le point de renouer avec les heures sombres de
2001. Source : Le Monde, Economie
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