GUERRE CIVILE EN COLOMBIE
Le
pays compte environ 40 million d'habitants pour une superficie
d'environ 4 fois la France, soit 2 millions de km2.
Comme le pays est situé sur l'équateur, le climat dépend
de la hauteur du lieux (Bogota est à 2700 m et a un climat
tempéré où il fait presque toujours entre
15 et 25°C, alors que Cartagena, sur la côte des Caraïbes,
a en moyenne 30-35°C). Il y de hautes montagnes, de la jungle,
des marais, des plantations de café, de bananes, même du pétrole
et évidement des plantations de coca. Rappelons tout d'abord que
la Colombie est une république bananière et que
les paysans sont exploités depuis longtemps par les riches
propriétaires terriens. C'est aussi un pays à grande
richesse minière, par son or et surtout ses émeraudes. Ce qui
explique la convoitise de multinationales qui n'hésitent pas à
faire déplacer les indigènes descendants des tribus précolombiennes,
anciens esclaves des colons Espagnols, "los Indios",
pour s'approprier leur terres au riche sous-sol.
La United Fruit (Chiquita) règne en Amérique centrale
Suite à la colonisation, les
riches propriétaires des bananeraies ne paient pas d'impôt
et la United Fruits y fait de beaux bénéfices.
Les paysans pauvres se sentent contraints de cultiver le coca.
Les mines d'émeraudes n'enrichissent pas le personnel sous-payé.
Le chômage et la misère
ont mené à la violence, et à la répression.
En 1948, l'assassinat du Président J. E. Gaitán avait provoqué
une insurrection qui inaugura un conflit sanglant et des guérillas
qui n'ont pas cessé depuis... La guerre civile en Colombie
dure depuis 60 ans.
Après la victoire du Liberator, Simon BOLÍVAR, et
l'établissement d'une république digne de ce nom,
la situation s'était pourtant améliorée.
Dans les années 60, les mouvements de libération
sont encouragés par la Révolution cubaine, avec
la participation de Che Guevara en personne.
Mais, en 1967, le Che est abattu par les services
secrets US et la guérilla s'enlise. Le pouvoir de Bogotá,
faible et corrompu, n'a qu'une seule idée, la répression.
«La
situation est telle que très peu d'ONG
ne se risquent en Colombie, le risque "d'accident" pour leurs
membres étant très grand.
Il y a en effet beaucoup de partis en présence:
- l'armée régulière qui se bat essentiellement contre les guérillas
et les narco-trafiquants,
- les guérillas, dont la plus puissante est la FARC, avec près de 20
000 hommes, qui dans certaines zones se battent pour leurs droits.
Ce sont les Forces armées révolutionnaires de Colombie.
Les FARC ne refusent pas l'échange,
bien au contraire ! C'est aujourd'hui leur objectif politique
prioritaire ! Mais tant que le président colombien ne voudra
pas négocier (il refuse les échanges en traitant
les Farc de terroristes), il n'y a pas d'issue.
- Les narco-trafiquants, qui financent les guérillas en
échange de leur protection,
- les milices d'extrême droite ou paramilitaires, qui mènent
une lutte sans pitié contre les guérilleros,
- les milices de village : ce sont des paysans qui se protègent
contre tout le monde. Des villages entiers sont massacrés ou déplacés,
d'un côté ou de l'autre. Aucun parti n'est blanc et chacun
a fait ses exactions.
«Il y a beaucoup de haine dans cette guerre. Tout les jours, l'armée
et la guérilla se battent pour le contrôle des routes
(il n'y a plus de chemin de fer: trop facile à bloquer
en temps de guerre). Le moyen le plus sûr pour aller d'une
grande ville à une autre est l'avion. Pourtant, les gens
en Colombie sont ouverts et sympathiques, c'est un peuple bon
vivant. Le climat est bon et le pays riche; ce pourrait être un
vrai paradis. Mais il y a tellement de disparité (en moyenne
dix fois plus entre les 10% les plus pauvre et les 10% les plus
riche qu'en Europe) qui s'étale en plein jour: un bidonville et
quelques centaines de mètres à coté de luxueuses villas
avec piscine privée et gardien. 80% des Colombiens vivent en dessous
du seuil de pauvreté...
«Ma femme me dit que depuis qu'elle a été en Europe elle
ne supporte plus ce fait. Car personne là-bas ne s'en inquiète.
Elle dit que les gens ne sont pas éduqués là-bas pour ces
problèmes: il n'y a pas d'esprit démocratique, pas de mouvement
de solidarité à grande échelle (ce qui, pour moi, est un
mystère, car les gens sont prêts à aider autrui beaucoup
plus qu'en Europe, mais je crois qu'il y a un effet de classes
sociales), pas de leader pour la population (ceux qui existent
se font assassiner). La classe politique est très corrompue, à
l'image de l'ancien président Semper, accusé d'avoir été financé
par les narco-trafiquants. Il a même avoué que c'était vrai et
rien ne se passe; il n'est même pas jugé et encore moins
condamné. Le système a un terrible malfonctionnement. Pour finir,
disons encore qu'en Colombie rien n'est facile et rien n'est simple.»
Plan Colombie
En septembre 1999, l'administration Clinton et le président
colombien Andrés Pastrana s'engageaient à mettre conjointement
en uvre un «Plan pour la paix, la prospérité et le renforcement
de l'État », dit «Plan Colombie». Conçu et rédigé en anglais,
sous l'il attentif des conseillers du Département d'Etat
américain, mais sans consultation du congrès colombien, ce plan
prévoyait une aide extérieure de 7,5 milliards de dollars à Bogotá,
dont 1,3 milliard d'aide américaine, essentiellement militaire.
Il s'agissait, tant pour Washington que pour Bogotá, de mener
une guerre totale au narcotrafic. Premier producteur latino-américain
de coca (cultivée par des paysans qui n'ont d'autre choix que
les cultures illicites ou la misère), la Colombie est aussi le
premier exportateur de cocaïne à destination des États-Unis.
Pour le Pentagone, la principale menace qui pèse sur l'hémisphère
n'est plus Cuba, mais la possibilité que surgisse un «narco-Etat
colombien» dans les zones contrôlées par la guérilla, rebaptisée,
pour les besoins de la cause - et en niant la nature sociale et
politique du conflit - «narcoguérilla». En fait, et alors que
des négociations sont en cours entre gouvernement colombien et
oppositions armées, il s'agit avant tout de conserver le contrôle
de cette région vitale, riche en ressources stratégiques et en
mégaprojets économiques. Les
véritables raisons de l'intervention nord-américaine en Colombie
ne sont pas de faire la guerre à la drogue, c'est évident.
Des produits extrêmement toxiques sont pulvérisés
pour détruire toute récolte et affamer la population.
Les Colombiens le disent : «Ce qu’ils font ici, c’est
tuer les plantations de denrées alimentaires par des fumigations
[aériennes] et éradiquer les plantations illicites
de manière manuelle.» Sans parler de la destruction
de la forêt par cette pollution....
Cette politique étasunienne d'ingérence dans les affaires intérieures
d'un État latino-américain n'est pas nouvelle. Du Chili
de Salvador Allende au Guatemala indigène, du Brésil de la dictature
militaire au Nicaragua sandiniste, Washington a toujours été présent
chaque fois qu'il s'est agi de lutter contre les oppositions à
un modèle prédateur et injuste, que ces oppositions soient civiles
ou politiques, armées ou non. Cette politique jamais démentie
a permis à l'Empire, aidé ultérieurement par ses fidèles alliés
- la Banque mondiale et le Fonds monétaire international -, d'ouvrir
les économies latino-américaines, de les pousser à mener des politiques
résolument libérales pour le plus grand profit des multinationales
et le plus grand malheur des populations. Sous l'égide du « consensus
de Washington » et sous couvert de « démocratie », les inégalités
se sont aggravées et la pauvreté progresse chaque jour un peu
plus. Malgré le plan Colombie lancé en 2000 avec
une aide américaine de 1,3 milliard de dollars, le pays
continue à produire d'énormes quantités de
drogue : près de 600 tonnes par an. Un trafic qui provoque
une corruption endémique.
Une colombienne qui a à cœur son pays, Juliana G.
précise ceci :
«Les fumigations provoquent aussi des effets nocifs à la
santé des populations : cancers et autres maladies graves,
nouveaux-nés malades, soufrant parfois de malformations.
Le café est aussi un des enjeux majeurs dans le conflit
comme les bananes ; c'est une des richesses du pays, et la zone
cafétière souffre aussi des multinationales.
La création des guérillas résulte de l'injustice
vécue par les paysans. Certains d'entre eux donnent leurs
fils aux guérillas car n'ayant rien à leur donner
pour manger, ils préfèrent les voir mourir en guérilleros
plutôt que de faim.
Les guérillas sont amenés à utiliser la coca,
mais pas avec autant de force que le suggère la version
officielle. Sinon, elles auraient été en mesure
de gagner la guerre il y a des siècles.
Les paramilitaires sont soutenus et commandés par le gouvernement
colombien, car l'Etat colombien n'a que des paramilitaires. Alvaro
Uribe Velez a par ailleurs été fiché par
une liste de la CIA comme le numéro 82 des plus grands
narcotrafiquants au monde. Son père en était aussi
un et il fut tués par les narcotrafiquants à cause
d'une histoire d'argent non rendue. Ceux qui monopolisent la majeure
partie du trafic de drogue sont les groupes paramilitaires, qui
sont les mêmes qui gouvernent le pays. Beaucoup de paramilitaires,
la plupart, appartiennent à l'armée colombienne
et sont coupables de crimes aussi horribles que ceux des nazis.
D'ailleurs ils s'en inspirent tout comme ils s'inspirent des méthodes
de torture de l'école française et étasunienne.
Tout cela sous la directive des Etats-Unis.
Et cette guerre profite aux Etats-Unis, car la Colombie fait énormément
de commerce d'armes avec eux, et avec l'excuse d'éradiquer
la drogue, ils peuvent se l'approprier tranquillement: les majeurs
consommateurs de drogue sont les Etats-Unis.»
Enfin, depuis que le nouveau Président libéral
Alvaro Uribe a été investi, la situation n'est guère
meilleure. D'après Le Point :
«Pour Alvaro Uribe, le nouveau président colombien, les
choses ont mal commencé.
Lors de son investiture, le 7 août 2002, 14 roquettes des
Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC)
se sont abattues à proximité du palais présidentiel
de Bogota, tuant 21 civils. La réponse présidentielle
ne s'est pas fait attendre : Uribe a décrété
l'état d'exception, élargissant les pouvoirs de
l'armée, et un nouvel état-major à la ligne
dure a été nommé. Pour mater la rébellion
(200 000 morts en 38 ans), le chef de l'Etat a l'intention de
doubler les effectifs d'une armée de 120 000 hommes. Un
nouvel impôt va gonfler le budget militaire de 780 millions
de dollars. Dans la foulée, le nouveau président
n'hésite pas à demander la réduction du nombre
de parlementaires au nom des nécessaires économies.»
Face à la rébellion Uribe a
reçu l'aide des Etats-Unis
«La politique musclée d'Uribe a reçu l'aval
des Etats-Unis. L'armée colombienne utilisera contre les
guérilleros l'aide américaine, 79 hélicoptères
et 2 milliards de dollars en 2002, initialement destinée
à la lutte contre le trafic de drogue. Pour négocier,
les FARC exigent le retrait des militaires d'une zone de 117000
kilomètres carrés, très fournie en cultures
de coca, alors qu'Alvaro Uribe refuse de négocier avant
tout cessez-le-feu. Le président a tout de même fait
un geste en proposant d'accorder des sièges de député
aux rebelles engagés dans un processus de paix.»
(Naï Asmar, Le Point)
Le 28 mai 2006, la Colombie est appelée à élire
son Président pour la période 2006-2010. La campagne
électorale aura été à l’image
des 4 ans de gouvernement du président Alvaro URIBE VELEZ
: Campagne caractérisée par l’assassinat et
la disparition de leaders politiques et syndicaux, le manque de
garanties pour les candidats de l’opposition, les scandales
liés aux agissements du DAS, la criminalisation des mouvements
sociaux. Le socialiste radical Evo Morales a été
élu, mais après un an de pouvoir il déçoit
beaucoup.
Huit ans après l'élection d'Alvaro Uribe, les
Farc sont encore actives sur près de 50% de territoire,
mais elles ne cernent plus les villes. Les forces de l'ordre -
police et armée - ont vu leurs effectifs doubler, passant
de 220.000 à 425.000 hommes.
Election entachée de violences.
La journée électorale a été marquée
par la mort de onze policiers et soldats tués dans différentes
attaques dont les auteurs n'ont pas été identifiés.
Jorge Eliecer Gaitan ne fut pas élu président. Il
fut candidat à l'élection présidentielle,
et alors que tout était réuni pour qu'il devienne
président, c'est-à-dire que la majeure partie de
la population le soutenait, il fut assassiné avant les
élections. L'ex-ministre de la Défense colombien,
Juan-Manuel Santos, a donc été élu président
de la République en juin 2010.
En février 2012, on apprend que les FARC renoncent à
faire des prises d'otages, ou qu'ils s'engagent à ne plus
en faire.
Sur le site du « MONDE DIPLOMATIQUE », un cahier spécial
pour mieux comprendre les origines et les enjeux de ce
plan Colombie qui fait craindre le retour aux heures les
plus violentes des guerres civiles des années 80 en Amérique
centrale :
L'Amérique
latine à l'heure colombienne
LE MONDE DIPLOMATIQUE a publié en Novembre 2003
un article sur la Bolivie,
et là-bas, c'est guère mieux !
|
Officiellement, le chômage
est de 10%, ce qui reflète la manipulation de l'information,
d'après mon correspondant. Il l'estime autour de 50%, après
avoir vécu 20 ans dans ce pays, et ajoute : "Il existe
un fort sous-emploi, et si l'on considère que tout le monde
doit faire quelque-chose pour se nourrir, bien évidement
ça change les statistiques..."
Note : Il y a quarante ans, le 8 octobre
1967, Ernesto Che Guevara était capturé
en Bolivie. Il allait être fusillé le lendemain.
Les FARC-EP* (Forces Armées Révolutionnaires
de Colombie - Armée du Peuple) sont une organisation politico-militaire
marxiste-léniniste d'inspiration bolivarienne, fortement
influencée dès ses origines par la révolution
socialiste cubaine et les enseignements de Che Guevara. Ils sont
le bras armé des pauvres du monde rural contre les classes
riches de la Colombie et possèdent depuis 1982 le statut
de "belligérants" au regard des conventions de
Genève. De 48 membres à l'origine, ils sont passés
à 6.000 fin 80 et environ 20.000 aujourd'hui (dont 35 à
40% de femmes). Mais les FARC ne sont pas des terroristes, comme
on nous le montre ce document : Téléchargez
(document pdf)
Les prises d'otages sont un moyen de pression politique, mais
ne sont pas faites pour obtenir une rançon, comme on le
dit. C'est la guerre - Les prisonniers politiques, qu'ils soient
aux mains des FARC ou de l'Etat colombien, ne pourront être
libérés qu'au travers d'un échange humanitaire,
en accord avec les conventions de Genève réglementant
ce type de conflit. Après l'enlèvement d'Ingrid
Bétancourt, puis l'assassinat d'une candidate aux sénatoriales,
l'exécution de Mgr Duarte n'est qu'un épisode de
plus dans cette sanglante chronique où l'on compte 3 500
morts violentes chaque année. |