PROGRAMME D'ESPIONNAGE
L'heure est au grand déballage pour les entreprises mises
en cause dans les révélations sur le programme
PRISM de l'Agence nationale de sécurité (NSA,
renseignement militaire), et soupçonnées d'avoir
collaboré activement à l'immense "machine de
surveillance" dénoncée par Edward Snowden.
Après avoir d'abord nié en bloc tout "accès
direct" de la NSA à leurs serveurs, Google, Facebook,
Microsoft, Yahoo! et Apple réclament à présent
le droit de publier l'intégralité des requêtes
que leur ont adressées les autorités américaines
lors de leurs tentatives d'accéder aux données des
utilisateurs de leurs services.
La dernière salve est venue de Google, historiquement
actif sur la transparence. "Nous poussons depuis longtemps
à davantage de transparence, pour que nos utilisateurs
puissent comprendre dans quelle mesure les gouvernements demandent
accès à leurs données. Google a été
la première entreprise à rendre publiques les National
Security Letters", a rappelé, mardi 18 juin 2013,
une porte-parole du groupe, faisant référence aux
"rapports de transparence" régulièrement
publiés par l'entreprise.
Le même jour, le géant de la recherche en ligne
a formellement demandé à la Foreign Intelligence
Surveillance Court (FISC, instance chargée d'examiner les
demandes de surveillance antiterroriste) de rendre publiques toutes
les requêtes liées à la sécurité
nationale, dans une motion qui en appelle aux droits conférés
par le 1er amendement de la Constitution américaine. Selon
l'interprétation de Google, le texte lui donne la liberté
de publier tous types d'informations à partir du moment
où elles ont été réclamées
par le gouvernement.
"DEGRÉ DE TRANSPARENCE"
Avec une telle démarche, Google se heurte frontalement
aux consignes de l'administration américaine, qui a eu
de longues discussions avec les entreprises citées dans
les documents révélant l'existence du programme
Prism (publiés par The Guardian et The Washington Post).
Dans un communiqué du 14 juin 2013, le vice-président
de Microsoft, John Frank, a défini le "degré
de transparence" autorisé : "Nous ne pouvons
publier que des données relatives aux demandes présentées
au nom de la sécurité nationale (y compris, le cas
échéant, les demandes et les ordonnances FISA)",
indique le texte. Mais ce, seulement "en les agrégeant
avec les demandes de toutes les autres agences de sécurités
locales, régionales et fédérales, seulement
pour la période comprise entre le 1er juillet et le 31
décembre 2012, et à condition de présenter
ces chiffres par groupe de 1 000 et de les déclarer dans
le cadre de l'ensemble des services disponibles aux clients de
Microsoft".
La référence au Foreign Intelligence Surveillance
Act (FISA) est ici essentielle. Le texte autorise les écoutes
téléphoniques et la surveillance électronique
aux Etats-Unis et définit le cadre dans lequel fonctionne
un programme tel que Prism. Mais il interdit, également,
toute communication. "Ces entreprises sont obligées
de se soumettre aux spécificités du programme et
de rester silencieuses", a expliqué Edward Snowden
lors d'une discussion, le 17 juin, avec des internautes sur le
site du Guardian.
C'est dans ce cadre précis que Microsoft, Facebook, Apple
et Yahoo ! ont, chacun leur tour, rendu publiques des milliers
de requêtes (entre 4000 et 5000 demandes concernant de 9
000 et 10 000 abonnements ou appareils pour Apple, 6 000 et 7
000 demandent concernant de 31 000 à 32 000 comptes chez
Microsoft, entre 9 000 et 10 000 demandes concernant entre 18
000 et 19 000 comptes pour Facebook et entre 12 000 et 13 000
requêtes pour Yahoo !).
"TRANSPARENCE"
La plupart des informations publiées semblent toutefois
essentiellement liées à des faits divers situés
sur le territoire américain. Chez Apple, elles portent
"le plus couramment sur des cambriolages, la recherche d'enfants
disparus, la localisation d'une personne souffrant de la maladie
d'Alzheimer ou les tentatives de suicide". Chez Yahoo!, elles
sont majoritairement relatives à des "fraudes, homicides,
kidnappings et d'autres enquêtes criminelles". Autant
d'affaires qui ne concernent pas le terrorisme et la surveillance
de personnes situées en dehors des Etats-Unis. Il s'agit
pourtant de l'objectif précis du programme Prism, selon
les propres mots de Barack Obama.
Toujours sur le site du Guardian, Edward Snowden a salué
la publication de ces informations ("Nous commençons
enfin à avoir un peu plus de transparence et des détails
plus précis sur la manière dont ces programmes fonctionnent"),
mais a malgré tout maintenu ses informations selon lesquelles
"si la NSA, le FBI, la CIA, la DIA et d'autres veulent interroger
des bases de données brutes de renseignement électronique,
ils peuvent "entrer" et obtenir ce qu'ils veulent. (...)
Les restrictions portées à cet accès sont
de nature politique, et non technique : elles peuvent changer
à tout moment."
Le lanceur d'alerte Edward Snowden a également promis
de livrer "davantage de détails (...) sur la manière
dont la NSA a un accès direct" aux serveurs de Facebook,
Google, Microsoft, Apple et Yahoo!. Des informations qui manquent
toujours actuellement pour définir l'étendue réelle
du programme
de surveillance de la NSA appelé PRISM.
Source : http://www.lemonde.fr/
auteur : Michaël Szadkowski
LE COURRIER INTERNATIONAL (28/02/2013)
Souvent les communiqués venant des agences de presse américaines
se plaignent de cyberattaques et accusent les chinois d'en être
les auteurs, et les médias répercutent cette info,
sans pouvoir le vérifier. Mais quen est-il au juste ?
Des accusations calomnieuses se répandent actuellement
selon lesquelles l'armée chinoise aurait "fait dérober
par des hackers de grandes quantités de données
confidentielles d'agences gouvernementales ou d'entreprises aux
États-Unis". Selon un communiqué de l'agence
Associated Press en date du 20 février 2013, le gouvernement
Obama envisagerait de prendre des mesures de rétorsion
sous forme de sanctions financières ou commerciales. Les
Etats-Unis jouent une comédie très subtile, et les
Chinois ont bien du mal à comprendre où Washington
veut en venir.
Dans leur grande majorité, les serveurs mondiaux se trouvent
aux Etats-Unis. De ce fait, on peut dire qu'Internet est "géré"
et "surveillé" par les EtatsUnis. De plus,
c'est dans ce pays que l'on recense le plus de hackers de premier
plan; la crème de la crème de ces gens-là
se concentre même au Pentagone ! Ainsi, donc, le réseau
américain serait brusquement en péril, au point
que ce pays serait complètement démuni face à
des cyberattaques en provenance de Chine. A qui veulent-ils faire
avaler ça ? A des enfants?
C'est aux Etats-Unis qu'Internet est le plus sûr, mais aussi
que l'on peut le mieux le manipuler à sa guise. Il est
notoire que ce pays utilise Internet pour nuire aux intérêts
d'autres pays. C'est lui qui dicte les règles du jeu, et
il ne prend pas de pincettes. C'est là-bas que les premiers
hackers ont fait leur apparition. Ils ont rendu de nombreux services
au gouvernement américain, d'où l'attitude relativement
clémente de ce dernier à leur égard depuis
le début, ce qui a facilité la généralisation
au monde entier de ce genre de pratiques.
Certes, nous ne pensons pas que l'armée chinoise n'ait
fait aucun préparatif en vue d'une cyberguerre, mais nous
sommes convaincus que la Chine ne jouera jamais un rôle
moteur dans ce domaine. Dire que l'armée chinoise bafoue
la déontologie d'Internet et piétine les règles,
c'est comme si l'on disait que le singe Sun Wukong [personnage
espiègle et doté de pouvoirs magiques du roman classique
Le Voyage en Occident] parvenait à taper de son
bâton sur le réseau Internet américain. Autant
d'histoires à dormir debout !
Cela étant posé, nous considérons que la
dénonciation (qui frise la folie) par les Etats-Unis des
prétendus "hackers de l'armée" chinoise
est une manière pour ce pays d'exercer son hégémonie
sur Internet, en attribuant à sa guise les rôles
d'administrateur et d'administré et en désignant
les ''bandits''. Il veut à toute force faire porter à
la Chine le chapeau de ''bandit'', mais ne réussit pas
à convaincre. Nous soupçonnons très fortement
les Etats-Unis de faire une opération de communication
sur la menace des hackers chinois pour préparer l'opinion
publique à une montée en puissance de sa capacité
à livrer une cyberguerre. Nous soupçonnons même
les Etats-Unis de prendre ce prétexte pour préparer
des attaques sur les réseaux étrangers. Jusqu'à
présent, la Chine s'est montrée bien trop aimable
envers les Etats-Unis dans ces querelles à propos d'Internet.
Elle doit arrêter de faire profil bas et ne pas hésiter
à affronter de face les Etats-Unis... les accusations calomnieuses
venant des Américains relèvent de la désinformation
: les Etats-Unis sont à la manœuvre, ce sont eux qui
contrôlent Internet. (source : Courrier International
du 28/02/13)
Les Etats-Unis sont "le plus grand voyou de notre temps"
en matière d'attaques informatiques, a fustigé l'agence
Chine nouvelle, après les dernières accusations
de piratage américain contre la Chine de l'agent de la
CIA Edward Snowden.
Ces accusations "montrent que les Etats-Unis, qui ont longtemps
essayé de se présenter comme une victime innocente
des cyber-attaques, se sont révélés être
le plus grand voyou de notre temps" dans ce domaine, selon
l'agence officielle chinoise.
Dans un article publié samedi par le quotidien de Hong
Kong South China Morning Post, Edward Snowden affirme que
le gouvernement américain pirate les messages textuels
des clients des opérateurs téléphoniques
chinois, ainsi que la prestigieuse université Tsinghua
à Pékin et l'opérateur de fibres optiques
pour l'Asie-Pacifique Pacnet.
Les Etats-Unis "doivent des explications à la Chine
et aux autres pays qu'ils sont accusés de les avoir espionné.
Ils doivent faire connaître au monde l'étendue et
les objectifs de leurs programmes de piratage clandestins",
souligne Chine nouvelle (Le Figaro, 23/06/13).
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